Tout cet apport sémitique représenté par la Syrienne constitue pour lui le bloc de ce qu’il faut condamner et rejeter : comme l’unité juive est faite d’un livre, ce sera d’abord la Bible, ce seront ensuite tous les apports juifs et toutes les reviviscences bibliques. Le malheur est que nous trouvons cet héritage juif tellement dans notre sang, dans notre vie individuelle et sociale qu’il faut remonter bien haut, très haut pour dénoncer un mal qu’il n’est peut-être plus temps tout à fait d’endiguer avec succès. Ah ! si les empereurs romains avaient voulu ! « Ils ne surent point la guérir (Rome) des lèpres sémites. » Le sémitisme c’est « un convoi de bateleurs, de prophètes, de nécromans, agités et agitateurs sans patrie ». Dans une cité bien faite où Marthe eût débarqué, « un magistrat eût questionné notre histionne sur son dieu inconnu et mal qualifié. Ou quelque aréopage lui eût répliqué sèchement qu’on l’entendrait une autre fois. Le sourire public aurait consommé la justice[1] ». Des abbés ont eu la grosse malice de lire entre ces lignes et de se scandaliser, et M. Maurras de se scandaliser qu’ils se scandalisassent.
M. Maurras tire en effet de cet antibiblisme forcené la principale raison de son goût pour le catholicisme. M. Maurras qui, en s’efforçant de ramener la France à la monarchie traditionnelle, est sensible à « la volupté de faire quelque chose de difficile, mais de grand[2] ». admire sans doute que l’œuvre la plus grande, la construction formidable et parfaite du tout catholique, ait été aussi la plus délicate et la plus difficile. Évidemment Rome païenne aurait peut-être pu extirper le sémitisme (ce n’est pas M. Maurras qui parle, c’est moi qui me permets d’outrer un peu sa pensée[3]). Mais l’œuvre de la Rome catholique fut bien plus dramatique, plus ardue et d’une beauté plus savante. La Bible est pour elle le livre saint, le peuple juif le peuple élu, et « douze juifs obscurs » ses Apôtres, mais la foi catholique « ne conclut pas aux bris des images, ni à l’ignorance publique, ni à la domination des plus vils. Elle respecte la nature dans ses attributs les plus beaux. Elle concorde avec les lois fondamentales de la société… J’ai toujours estimé que le catholicisme avait sauvé l’avenir du genre humain. Si je disais de quoi, M. de Lantivy serait probablement choqué[4] ». Il