où la foi intérieure concordât trait pour trait avec ce qui peut être surveillé, contrôlé, imposé, la loi extérieure. Bien mieux que les Mormons dans l’Utah, elle la réalisa au Paraguay. L’esprit de la Synagogue n’est-il pas présent dans les racines où l’Encyclique Pascendi puise sa condamnation contre ceux qui pensent que « la foi, principe et fondement de toute religion, réside dans un certain sentiment intime engendré lui-même par le sentiment du divin ? »
Je n’avance tout cela, bien entendu, qu’à titre de jeu individuel et en le donnant comme une coupe toute arbitraire dans ce tout organique de l’Église, le plus complexe et le plus plein de l’histoire humaine. Quiconque a considéré attentivement ce puissant édifice de l’Église, ce monument installé à toutes les croisées de l’intelligence et de l’activité, cette construction d’une science et d’une activité infinies qui a tenu compte de toutes les conditions de notre nature individuelle et sociale, sait que tout point de vue sur elle est misérable et fragile à côté de celui qui s’élève et qui règne de son centre, des terrasses de la Sibylle et de ses dix-huit siècles d’institution. Que les condamnations de l’Encyclique Pascendi, et tous les actes du Siège romain et les constitutions de la Compagnie de Jésus prennent leurs racines dans le terrain juif de l’Église ou parmi ses pierres romaines ou bien en l’un et l’autre endroit, le contrôle de la foi par la loi n’en est pas moins une condition nécessaire de toute société spirituelle qui veut vivre. M. Maurras a eu en effet l’honneur de proposer ici à la raison certaines vérités et certaines lois méconnues. Ce que je voudrais, d’un point de vue extérieur et laïque comme celui de M. Maurras, c’est-à-dire aussi précaire et incomplet que le sien, indiquer en ce lieu, c’est ceci.
Du judaïsme au christianisme, et se renforçant d’éléments empruntés tant à la culture classique qu’au développement politique des états modernes, a passé moins un état stable que la tradition et la nécessité d’un conflit, d’une opposition tantôt dévastatrice et violente, tantôt apaisée et féconde entre deux éléments : d’une part l’ordre sacerdotal et la loi écrite, et d’autre part l’ordre moral, l’ordre du cœur. Dans cette dualité de l’Église et de l’Évangile, dualité qui survit à toute union et la maintient heureusement en un état de vigilance et de tension, consiste la tragédie intérieure et la vie supérieure de l’un et l’autre. Rien de plus tonique que cette sorte de bilinguisme dont relève la conscience chrétienne et catholique, bilinguisme spirituel qui pose sans cesse des problèmes à résoudre, des transactions à effectuer, des conflits à apaiser, analogues à ceux qu’exigent les rapports entre la