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et l’ionique figurent des fonctions. Au dorique, seul, du Parthenon manquerait ce qui fait partie de sa définition, la présence de l’ionique, et à l’ionique, seul, de l’Erechtheion ferait défaut ce qui rentre dans son concept, la présence du dorique. Mais les jeunes filles de la Tribune sont là qui pensent l’un par l’autre, traduisent l’un dans l’autre, établissent de l’un à l’autre l’ordre de la vie, de la production dans la beauté, et ce que M. Maurras, l’appliquant à un fût des Propylées, appelle « la claire raison de l’homme couronnée du plus tendre des sourires de la fortune. »

III
LE ROMANTISME FÉMININ

C’est peut-être sur cette Acropole supérieure, entrevue par instants dans toute sa plénitude, que M. Maurras, en des temps plus heureux et plus harmonieux, eût figuré les scènes de sa tragédie intérieure. Peut-être ? Qui sait ? N’était-il pas dans sa destinée de lutter contre son siècle, quel qu’il fût ? et d’en remonter le courant pour s’éprouver, avec plus d’intensité, vivant ? En tout cas, s’il a gardé dans la vie quotidienne de la pensée le schème de ce dualisme héroïque, il l’accommode généralement à des réalités plus mêlées, plus proches de l’humanité ordinaire. Il n’a fait qu’indiquer — lui qui aurait pu la construire — une doctrine du classicisme. Il ne s’est point étendu, en des voyages par la terre, les musées et les livres, sur l’esthétique de l’Harmonie et du Caractère. Mais il a cru discerner dans les formes diverses du désordre intellectuel, moral et politique décrites et combattues par lui une sorte de transgression où déborde la nature féminine. Apercevant sous la nature humaine un élément passif qui nous mène à céder, à sentir, à rêver, un élément actif qui nous conduit à agir, à vouloir, à penser, il a constaté que nos régressions étaient faites des gains du premier et des pertes du second. Dans l’Avenir de l’Intelligence, recueil d’articles où règne une saisissante unité, à la suite de l’Ordre positif d’après Comte il a placé cette sorte de tableau du désordre