de l’hérédité du pouvoir.[1] » Quoiqu’il en soit, cet ébranlement de l’hérédité est l’œuvre propre du Code Napoléon, et il me souvient d’avoir éprouvé à Notre-Dame une singulière impression de justice immanente : le clergé de cette église y affichait naguère la liste des fondations de messe confisquées par l’État après la Séparation. Or plusieurs sont indiquées comme établies par le testament de Napoléon pour le repos de son âme. La logique du Code révolutionnaire et consulaire, développée par MM. Briand et Grunebaum-Ballin, est venu couper à ces fondations leur insolente perpétuité.
Le principe de l’État peut devenir, comme nous le voyons ici, l’antagoniste du principe de la famille. Mais le type d’existence qui appartient aux corps est le même que celui de la famille, et un État affaiblira les corps du même fonds dont il diminue les familles. Dans l’ancienne monarchie française, l’existence des corps donnait au pouvoir du roi la solidité de la pointe d’une pyramide. Les corps étaient pour le roi une garantie de son être. Pour que l’autorité soit en haut, dit M. Maurras, il faut que la liberté soit en bas. Or dans l’autorité du roi la liberté des corps respectait une liberté, et dans la liberté des corps l’autorité du roi respectant une autorité. Certes cette liberté des corps avait tendance à diminuer, cette autorité du roi à s’imposer de plus en plus par le jeu de la centralisation administrative. Mais la centralisation respectait deux limites. D’abord elle s’exerçait sans supprimer les corps. Elle se superposait simplement à eux, les rendait inutiles, créait seulement une atmosphère et des habitudes qui empêchaient à peu près d’en former d’autres : à la fin de l’ancien régime, les corps anciens étaient gauches et rouillés, et la monarchie ne voulut ou ne sut pas amener le pays à en constituer d’autres où à rajeunir les premiers ; elle se fut probablement sauvée en se solidarisant avec des assemblées représentatives d’intérêts, États Généraux ou autres, comme Chateaubriand le comprit en 1815, et comme M. Maurras le promet en un autre sens de sa Monarchie anti-parlementaire. — Ensuite la plupart des pouvoirs étaient sous l’ancien régime constitués à l’état de propriété, d’offices, souvent héréditaires : ce qui explique qu’une institution aussi scandaleusement immorale que la vénalité des charges fût acceptée volontiers par l’opinion, sanctionnée par la bonne conscience de la bourgeoisie, féconde en résultats heureux.
Évidemment toute société prospère compte, selon sa nature et
- ↑ Recherches philosophiques, ch. v.