cepteur d’un peuple qui apprît à retrouver son roi ; et la destinée intelligente a voulu qu’il prît son bras droit, ou, pouvoir spirituel, son bras séculier dans la maison d’Alphonse Daudet. Si la France s’est, à la suite d’événements complexes et difficiles à apprécier, séparée de sa maison royale, cette maison royale n’en est pas moins liée de façon indissoluble à l’être de la France, comme tels parent, maître, femme, ami que nous avons perdus ou dont nous sommes séparés restent partie intégrante de notre être spirituel. Ce que Comte appelait leur existence subjective n’est pas fonction stricte de leur existence objective. La littérature des Génies, le style décoratif de Chateaubriand ont pour mission d’élever à l’existence subjective, ordre distinct, avec son atmosphère et ses lois propres, ces réalités mortes. Mais pour se conserver dans cet alcool ces réalités doivent au moins être imaginées comme mortes. Et c’est cette présence de la mort que veulent ardemment éluder l’imagination et la raison de M. Maurras. La vieille monarchie lui a jeté, comme la Vera des Contes cruels, la clef de son tombeau, il sait qu’une église animée de vie religieuse matérielle nous parle mieux qu’une église désaffectée où ne subsistent que la beauté de l’architecture et les jeux de l’imagination. L’état de la France entre 1889 et 1900 nous montre qu’elle avait besoin d’un homme et d’un parti qui assumassent le rôle de délégués à sa durée, de conservateurs de son espèce permanente, et qui le fussent non dans le royaume des ombres et des Génies, Araucanie où le vicomte de Vogüé exerçait une domination décorative, mais dans un monde de chair et d’os et dans une pleine réalité : délégation à la durée française, quand elle menace de se détendre et de se diluer, analogue à cette délégation à la durée juive qu’assume le sionisme pour une race qui, dispersée de corps, tend encore à se disperser d’âme. Les esprits attentifs qui se rassemblèrent en 1898 autour de Trois Idées Politiques pouvaient se sentir comme les Grecs d’Alexandre devant Pharos ou les Phocéens au Lacydon sur un emplacement désigné par la nature des choses pour servir de lieu à une cité nécessaire.
Cette cité aujourd’hui existe, pas plus grande, mais aussi complète qu’une de ces cités antiques dont les rites et l’esprit ont présidé à sa fondation. Elle a son Acropole sereine, où nous nous sommes tout le long de ce volume largement promenés, où nous avons médité dans le temple de Minerve Erganè, dans le sanctuaire d’Aristarchè. Elle a sa Pnyx et son Agora où nous sommes descendus parfois quand on ne risquait point d’y être assourdi ou bousculé. Elle a son port, si animé