solidement coordonné où ils se reposaient et prenaient un appui pour mépriser le désordre intellectuel du plus grand nombre de leurs compatriotes[1]. » Voilà un élément commun aux formes du nationalisme, du nationalisme en tant qu’il est une méthode, — élaborée en somme dans les méditations de l’Homme Libre. Et (c’est M. Maurras lui-même qui l’écrit) « Les néophytes de tous les cultes connaissent ce parti bienheureux du repos et de l’inertie de l’intelligence[2]. » C’est à ce point de facilité suprême et de maturité que commence peut-être le déclin de toute doctrine, ainsi que commença, lorsqu’il descendit chez les hommes, le déclin de Zarathoustra.
Si l’action, la politique, dépendent d’une réforme intellectuelle, si M. Maurras nous donne les plans de cette réforme intellectuelle, reste à savoir si et comment elle est possible. Question pratique : elle est possible parce qu’elle apparaît en effet réelle dans un homme ou dans un groupe. Mais question théorique aussi : dans quelle mesure cet homme et ce groupe pourront-ils atteindre à un résultat général, faire passer dans l’institution les lumières, les données, les conclusions de l’intelligence ? C’est cette dernière question que, dans l’Avenir de l’Intelligence, M. Maurras a étudiée. Les quatre études envisagent quatre aspects du problème. Dans le premier, qui donne son titre au livre, il se demande quel est l’avenir de ce pouvoir spirituel diffus représenté aujourd’hui par la corporation des écrivains. Dans la seconde, l’Ordre positif d’après Comte, il étudie le type abstrait le plus approfondi de l’ordre intellectuel et social ; dans le troisième, le Romantisme Féminin, le type le plus caractéristique du désordre dans l’esprit et dans la société ; et le quatrième, Mademoiselle Monk, est un tableau élégant de la méthode par laquelle on peut remonter de ce désordre à cet ordre, une peinture des fruits que donne avec un peu de bonheur la réforme intellectuelle non pas même de quelques-uns, mais d’un seul, quand une jolie femme veut bien s’en mêler. Mademoiselle Monk est de 1902 environ : subtil apologue proposé à de belles et bonnes volontés salonnières qui ne nuisirent pas à la fondation de l’Action Française.
Dans les pages pressées, parfois un peu désordonnées, de la première étude, M. Maurras regarde la France moderne du point de vue des gens de lettres, et particulièrement des journalistes. C’est ce qu’il