De Leurs Figures on tirerait un jeu des trente-six bêtes. Ribot « ce grand épervier sur cet étang glacé »[1] ; « le petit taureau au large poitrail au mufle carré, celui qui épouvante les meilleurs espadas, M. Clémenceau »[2]. « Bouteiller, un pied dans le piège à loup, gardait ses allures de grand gibier »[3]. Waldeck est « figé dans son silence comme un brochet dans sa gelée »[4]. Joseph Reinach est déchu du rang que la Libre Parole elle-même lui laissait dans l’espèce la plus proche de l’homme, et précipité entre les animaux de marécage ou de charnier : « Comme, dans un bocal, une grenouille qui remonte à la surface annonce le retour du beau temps, la réapparition de M. Joseph Reinach au Palais-Bourbon indiqua que le soleil luirait bientôt pour les chéquards »[5]. Puis il devient une « mouche charbonneuse »[6]. Et la Chambre, dans son ensemble, est une « triste assemblée qui ne prend pas ses décisions en elle-même, mais qui suit les volontés du dehors. Ses ennemis la font marcher avec des injures, comme un troupeau avec des mottes de terre »[7].
Les passions et les vengeances de M. Barrès se sont, dans l’affaire Dreyfus, rencontrées avec sa tentative pour formuler la doctrine nationaliste d’un boulangisme nouveau.
« Boulanger, remarque-t-il dans l’Appel au Soldat, défaille faute d’une doctrine qui le soutienne et qui l’autorise à commander ces mouvements de délivrance que les humbles tendent à exécuter. Autour de lui l’inconscient se soulève en magnifique état, mais l’indigence des principes empêche qu’on aboutisse à un programme positif[8]. » Et dans la dédicace du même livre à Jules Lemaître il observe : « Pour les nationalistes vaincus en 1889, il s’agissait de durer jusqu’à ce que la France produisit d’abondance les sentiments qu’ils avaient semés, sans doute avant l’heure. » Les nationalistes furent vaincus en 1902 comme ils l’avaient été en 1889. M. Barrès continua de durer, et 1914 parut le justifier.