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Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/286

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rées ont été rapprochées en un même hémistiche, de sorte que, par un procédé habituel à tout poète d’oreille délicate, un hémistiche allitéré équilibre un hémistiche assonancé. L’auxiliaire tombe du troisième vers.

IX. — Même rencontre de sifflantes, au premier vers, effacée. Elle est remplacée par une allitération de dentales qui met dans le vers les deux baguettes du tambour. Voyez comme exciter la pitié, terme courant, est relevé dans le vers par le seul rôle rythmique, allitérant, d’exciter.

X. — Des deux premiers mots, la juxtaposition de deux fortes, contraire, à moins d’effet spécial, au génie du vers, a été supprimée (le point obligeait à accentuer non). De même l’allitération à contre sens qui commençait l’hémistiche suivant. Correction d’euphonie, encore, aux deux autres vers. D’ailleurs édenté s’accordait peu à l’image de prosterne, laquelle reste encore une cheville.

XI. — Force était bien que ce tercet fût refait. S’ils vont, après Ils marchent, ne signifiait rien. Il grimpe en croupe est une allitération discutable. Se fait voyageur est une cheville et une platitude. Il a fallu, pour que le vers fût bon, changer, avec l’idée, le mot à la rime. De là le troisième vers qui remplace, splendide, un alexandrin insignifiant. Dans ce tercet achevé, le raccourci des images pressées ne brouille pas une des pures lignes qui font sa perfection plastique.

XII. — Le mot propre passe du troisième vers au premier, laissant place à un vocable expressif qui a sa place dans la figure pittoresque du poème et nous évoque Saint-Amand.

XIII. — Ce tercet suivrait plus naturellement, dans la seconde version, le onzième. Mais le jeu des rimes empêchait de le déplacer. Ainsi le stoppage reste par places visible. Ici encore les verbes et les noms abstraits font