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Page:Thibaudet - La Poésie de Stéphane Mallarmé.djvu/288

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vers à l’autre les sautes de la métaphore paraissaient à peu près ridicules. Tout cela n’a pas disparu à la correction. Le deuxième vers montre une image plastique transformée, selon le génie de Mallarmé, en une image de mouvement. Le troisième vers, dans la première version, détonnait étrangement à côté de l’animal évoqué par le second. Mallarmé l’a reconnu, a fondu les métaphores des deux vers, ce qui n’empêche pas galops cuirassés d’être mauvais.

XX. — L’image informe de fauves séraphins ne valait rien. Cette surcharge vaine s’atténue dans la refonte, le tercet devient net et sobre. Le dernier vers, d’abord insignifiant, prend par l’assonance et l’allitération un éclat imitatif.

XXI. — Médiocre, le dernier tercet est resté médiocre. Tout poème un peu long de Mallarmé finit par choir de cette manière embarrassée. Le premier vers, qui était bon, a été modifié selon la coupe qui accentue la cinquième syllabe, probablement par une velléité imitative, tous partant d’avance comme quelque crachat. Je ne sais dans lequel des deux textes le deuxième vers est le plus mauvais. Dans le troisième vers entrait difficilement le Hamlet que, sans la raison d’harmonie, Mallarmé sans doute aurait préféré garder. Excédés est plus juste qu’abreuvés et, par l’allitération, soutient le vers. Le vers isolé de la fin, qui achève le poème sur une belle assonance, résumant le motif de la marche à la mort ridicule, ne pouvait être touché. Peut-être l’imagination typographique de Mallarmé s’est-elle plu à voir, dans cette conclusion rythmique de la terza rima, dans cette ligne rejetée et roide où le poème s’étrangle, l’image de la branche lanternée à laquelle, en effet, pendre

Le poète impuissant qui maudit son génie.

Ce moule incomplet du tercet, toujours boiteux, ne