DIRECTOIRE (1798). 19
population ils descendaient des compagnons de
Mahomet. Leur condition était infiniment variée
quelques-uns, de haute naissance, faisant remonter
leur origine jusqu’à Mahomet lui-même, grands
propriétaires, ayant quelques traces du savoir arabe,
réunissant à la noblesse les fonctions du culte et
de la magistrature, étaient, sous le titre de scheiks,
les véritables grands de l’Égypte. Dans les divans,
ils représentaient le pays, quand ses tyrans voulaient
s’adresser à lui; dans les mosquées, ils composaient
des espèces d’universités, où ils enseignaient
la religion, la morale du Koran, un peu de
philosophie et de jurisprudence. La grande mosquée
de Jemil-Azar était le premier corps savant
et religieux de l’Orient. Après ces grands, venaient
les moindres propriétaires, composant la seconde
et la plus nombreuse classe des Arabes puis les
prolétaires, qui étaient tombés dans la situation de
véritables ilotes. Ces derniers étaient des paysans
,à gages, cultivant la terre sous le noms de fellahs, et
vivant dans la misère et l’abjection. Il y avait une
quatrième classe d’Arabes, c’étaient les Bédouins
ou Arabes errants ceux-là n’avaient pas voulu s’attacher
à la terre c’étaient les fils du désert. Montés
sur des chevaux ou des chameaux, conduisant devant
eux des troupeaux nombreux, ils erraient,
cherchant des pâturages dans quelques oasis, ou
venant annuellement ensemencer les lisières de