DIRECTOIRE (1798). 39
engagé dans les palmiers, n’était pas encore formé,
lorsque les premiers cavaliers l’abordèrent. Mais il
se forma sur-le champ, et fut prêt à recevoir la
charge. C’est une masse énorme que celle de huit
mille cavaliers galopant à la fois dans une plaine.
Ils se précipitèrent avec une impétuosité extraordinaire
sur la division Desaix. Nos braves soldats,
devenus aussi froids qu’ils avaient été fougueux
jadis, les attendirent avec calme, et les reçurent, à
bout portant, avec un feu terrible de mousqueterie
et de mitraille. Arrêtés par le feu, ces innombrables
cavaliers flottaient le long des rangs, et
galopaient autour de la citadelle enflammée. Quelques-uns
des plus braves se précipitèrent sur les
baïonnettes, puis, retournant leurs chevaux et les
renversant sur nos fantassins, parvinrent à faire
brèche, et trente ou quarante vinrent expirer aux
pieds de Desaix, au centre même du carré. La
masse, tournant bride, se rejeta du carré de Desaix
sur celui de Régnier qui venait après. Accueillie
par le même feu, elle revint vers le point d’où elle
était partie mais elle trouva sur ses derrières la
division Dugua que Bonaparte avait portée vers le
Nil, et fut jetée dans une déroute complète. Alors
la fuite se fit en désordre. Une partie des fuyards
s’échappa vers notre droite, du côté des pyramides;
une autre passant sous le feu de Dugua, alla se
jeter dans Embabeh, où elle porta la confusion.