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40 RÉVOLUTION FRANÇAISE.


Dès cet instant le trouble commença à se mettre dans le camp retranché. Bonaparte s’en apercevant, ordonna à ses deux divisions de gauche de s’approcher d’Embabeh, pour s’en emparer. Bon et Menou s’avancèrent sur le feu des retranchemens, et arrivés à une certaine distance, firent halte. Les carrés se dédoublèrent; les premiers rangs se formèrent en colonnes d’attaque, tandis que les autres restèrent en carré, figurant toujours de véritables citadelles. Mais au même instant les Mameluks, tant ceux que Mourad avait laissés à Embabeh, que ceux qui s’y étaient réfugiés, voulurent nous prévenir. Ils fondirent sur nos colonnes d’attaque, tandis qu’elles étaient en marche. Mais celles-ci s’arrêtant sur-le-champ, et se formant en carré avec une merveilleuse rapidité, les reçurent avec fermeté, et en abattirent un grand nombre. Les uns se rejetèrent dans Embabeh, où le désordre devint extrême les autres, fuyant dans la plaine, entre le Nil et notre droite, furent fusillés ou poussés dans le fleuve. Les colonnes d’attaque abordèrent vivement Embabeh, s’en emparèrent, et jetèrent dans le Nil la multitude des fellahs et des janissaires. Beaucoup se noyèrent; mais comme les Égyptiens sont excellens nageurs, le plus grand nombre d’entre eux parvint à se sauver. La journée était finie. Les Arabes qui, étaient près des pyramides et qui attendaient la victoire, s’enfoncèrent dans le désert.