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RÈGNE DE LOUIS XVI.

inattendu ; chacun le répéta, et les états-généraux furent demandés à grands cris.

D’Espréménil, jeune conseiller, orateur emporté, agitateur sans but, démagogue dans les parlemens, aristocrate dans les états-généraux, et qui fut déclaré en état de démence par un décret de l’assemblée, constituante, d’Espréménil se montra dans cette occasion l’un des plus violens déclamateurs parlementaires. Mais l’opposition était conduite secrètement par Duport, jeune homme doué d’un esprit vaste, d’un caractère ferme et persévérant, qui seul peut-être, au milieu de ces troubles, se proposait un avenir, et voulait conduire sa compagnie, la cour et la nation, à un but tout autre que celui d’une aristocratie parlementaire.

Le parlement était divisé en vieux et jeunes conseillers. Les premiers voulaient faire contre-poids à l’autorité royale pour donner de l’importance à leur compagnie ; les seconds, plus ardens et plus sincères, voulaient introduire la liberté dans l’état, sans bouleverser néanmoins le système politique sous lequel ils étaient nés. Le parlement fit un aveu grave : il reconnut qu’il n’avait pas le pouvoir de consentir les impôts qu’aux états-généraux seuls appartenait le droit de les établir ; et il demanda au roi la communication des états de recettes et de dépenses.

Cet aveu d’incompétence et même d’usurpation,