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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/44

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

puisque le parlement s’était jusqu’alors arrogé le droit de consentir les impôts, cet aveu dut étonner. Le prélat-ministre, irrité de cette opposition, manda aussitôt le parlement à Versailles, et fit enregistrer les deux édits dans un lit de justice[1]. Le parlement, de retour à Paris, fit des protestations, et ordonna des poursuites contre les prodigalités de Calonne. Sur-le-champ une décision du conseil cassa ses arrêtés et l’exila à Troyes[2].

Telle était la situation des choses le 15 août 1787. Les deux frères du roi, Monsieur et le comte d’Artois, furent envoyés, l’un à la cour des comptes, et l’autre à la cour des aides, pour y faire enregistrer les édits. Le premier, devenu populaire par les opinions qu’il avait manifestées dans l’assemblée des notables, fut accueilli par les acclamations d’une foule immense, et reconduit jusqu’au Luxembourg au milieu des applaudissemens universels. Le comte d’Artois, connu pour avoir soutenu Calonne, fut accueilli par des murmures ; ses gens furent attaqués, et on fut obligé de recourir à la force armée.

Les parlemens avaient autour d’eux une clientèle nombreuse, composée de légistes, d’employés du palais, de clercs, d’étudians, population active, remuante et toujours prête à s’agiter pour leur cause. À ces alliés naturels des parlemens se joi-

  1. 6 août.
  2. 15 août.