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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/45

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RÈGNE DE LOUIS XVI (1787).

gnaient les capitalistes, qui craignaient la banqueroute ; les classes éclairées, qui étaient dévouées à tous les opposans ; et enfin la multitude, qui se range toujours à la suite des agitateurs. Les troubles furent très graves, et l’autorité eut beaucoup de peine à les réprimer.

Le parlement, séant à Troyes, s’assemblait chaque jour, et appelait les causes. Ni avocats ni procureurs ne paraissaient, et la justice était suspendue, comme il était arrivé tant de fois dans le courant du siècle. Cependant les magistrats se lassaient de leur exil, et M. de Brienne était sans argent. Il soutenait avec assurance qu’il n’en manquait pas, et tranquillisait la cour inquiète sur ce seul objet ; mais il n’en avait plus, et, incapable de terminer les difficultés par une résolution énergique, il négociait avec quelques membres du parlement. Ses conditions étaient un emprunt de 440 millions, réparti sur quatre années, à l’expiration desquelles les états-généraux seraient convoqués. À ce prix, Brienne renonçait aux deux impôts, sujet de tant de discordes. Assuré de quelques membres, il crut l’être de la compagnie entière, et le parlement fut rappelé le 10 septembre.

Une séance royale eut lieu le 20 du même mois. Le roi vint en personne présenter l’édit portant la création de l’emprunt successif, et la convocation des états-généraux dans cinq ans. On ne s’était point expliqué sur la nature de cette séance, et on ne