Aller au contenu

Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
RÉVOLUTION FRANÇAISE.

salbert, apprenant qu’ils étaient menacés, se réfugièrent au sein du parlement assemblé. Un officient, Vincent d’Agoult, s’y rendit à la tête d’une compagnie, et, ne connaissant pas les magistrats désignés, les appela par leur nom. Le plus grand silence régna d’abord dans l’assemblée ; puis les conseillers s’écrièrent qu’ils étaient tous d’Espréménil. Enfin le vrai d’Espréménil se nomma, et suivit l’officier chargé de l’arrêter. Le tumulte fut alors à son comble ; le peuple accompagna les magistrats en les couvrant d’applaudissemens. Trois jours après, le roi, dans un lit de justice, fit enregistrer les édits ; et les princes et les pairs assemblés présentèrent l’image de cette cour plénière qui devait succéder aux parlemens.

Le Châtelet rendit aussitôt un arrêté contre les édits. Le parlement de Rennes déclara infâmes ceux qui entreraient dans la cour plénière. À Grenoble, les habitans défendirent leurs magistrats contre deux régimens ; les troupes elle-mêmes, excitées à la désobéissance par la noblesse militaire, refusèrent bientôt d’agir. Lorsque le commandant du Dauphine assembla ses colonels, pour savoir si on pouvait compter sur leurs soldats, ils gardèrent tous le silence. Le plus jeune, qui devait parler le premier, répondit qu’il ne fallait pas compter sur les siens, à commencer par le colonel. À cette résistance le ministre opposa des arrêts du grand