Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
53
ÉTATS-GÉNÉRAUX (1789).

n’était pas conforme, le roi devait juger en dernier ressort. Ainsi la cour vidait le différend à son prof‍it. Les conférences furent aussitôt suspendues pour obtenir l'adhésion des ordres. Le clergé accepta le projet purement et simplement. La noblesse l’accueillit d’abord avec faveur; mais, poussée par ses instigateurs ordinaires, elle écarta l’avis des plus sages de ses membres, et modif‍ia le projet de conciliation. De ce jour datent tous ses malheurs.
Les communes, instruites de cette résolution, attendaient , pour s’expliquer à leur tour, qu’elle leur fût communiquée; mais le clergé, avec son astuce ordinaire, voulant les mettre en demeure aux yeux de la nation, leur envoya une députation pour les engager à s’occuper avec lui de la misère du peuple, tous les jours plus grande, et à se hâter de pourvoir ensemble à la rareté et à la cherté des subsistances.Les communes, exposées à la défaveur populaire si elles paraissaient indifférentes à une telle proposition, rendirent ruse pour ruse, et répondirent que, pénétrées des mêmes devoirs, elles attendaient le clergé dans la grande salle pour s’occuper avec lui de cet objet important. Alors la noblesse arriva et communiqua solennellement son arrêté aux communes; elle adoptait, disait-elle, le plan de conciliation, mais en persistant dans la vérif‍ication séparée, et en ne déférant aux ordres réunis et à la juridiction suprême du roi que les