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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/82

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

diff‍icultés qui pourraient s’élever sur les députations entières de toute une province.
Cet arrêté mit f‍in à tous les embarras des Communes. Obligées ou de céder, ou de se déclarer seules en guerre contre les premiers ordres et le trône, si le plan de conciliation avait été adopté, elles furent dispensées de s’expliquer, le plan n’étant accepté qu’avec de graves changements. Le moment était décisif. Céder sur la vérif‍ication séparée n’était pas, il est vrai, céder sur le vote par ordre ; mais faiblir une fois, c’était faiblir toujours. Il fallait ou se soumettre à un rôle à peu prés nul, donner de l’argent au pouvoir, et se contenter de détruire quelques abus lorsqu’on voyait la possibilité de régénérer l’état, ou prendre une résolution forte et se saisir violemment d’une portion du pouvoir législatif. C’était la le premier acte révolutionnaire, mais l’assemblée n’hésita pas. En conséquence, tous les procès-verbaux signés, les conférences f‍inies, Mirabeau se lève: « Tout projet de conciliation rejeté par une partie, dit-il, ne peut plus être examiné par l’autre. Un mois s’est écoulé,il faut prendre un parti décisif; un député de Paris a une motion importante à faire, qu’on l’écoute. » Mirabeau , ayant ouvert la délibération par son audace, introduit à la tribune Sieyès, esprit vaste, systématique, et rigoureux dans ses déductions. Sieyès rappelle et motive en peu de mots la