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Page:Thiers Adolphe - Histoire de la Révolution française t1 (1839).pdf/84

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

majorité; le député Legrand, celui d'assemblée nationale. Ce dernier fut adopté après une discussion assez longue, qui se prolongea jusqu’au 16 juin dans la nuit. Il était une heure du matin, et il s’agissait de savoir si on se constituerait séance tenante, ou si on remettrait au lendemain. Une partie des députés voulait qu’on ne perdit pas un instant, af‍in d’acquérir un caractère légal qui imposât à la cour. Un petit nombre, désirant arrêter les travaux de l’assemblée, s’emportait et poussait des cris furieux. Les deux partis, rangés des deux côtés d’une longue table, se menaçaient réciproquement; Bailly, placé au centre, était sommé par les uns de séparer l’assemblée, par les autres de mettre aux voix le projet de se constituer. Impassible au milieu des cris et des outrages, il resta pendant plus d’une heure immobile et silencieux. Le ciel était orageux, le vent souff‍lait avec violence au milieu de la salle, et ajoutait au tumulte. Enf‍in les furieux se retirèrent; alors Bailly, s’adressant à l’assemblée devenue calme par la retraite de ceux qui la troublaient, l’engagea à renvoyer au jour l’acte important qui était proposé. Elle adopta son avis, et se retira en applaudissent à sa fermeté et à sa sagesse.
Le lendemain 17 juin, la proposition fut mise en délibération, et, à la majorité de 491 voix contre 90, les communes se constituèrent en assemblée