Page:Thoinan - Les Relieurs français, 1893.djvu/14

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À la suite d’abus et fraudes de diverses natures, l’Université, dans des statuts de 1323 et du 6 octobre 1342, prit le soin de fixer avec clarté les devoirs des libraires et stationnaires, et à chacune de ces dates vingt-huit de ceux-ci, nommés dans ces nouveaux règlements, jurèrent par serment de s’y conformer.

Les relieurs n’y sont pas désignés comme tels, et aucun des articles n’a particulièrement trait à leur profession.


En 1336, les trois États du royaume assemblés accordèrent au Roi de nouvelles impositions pour l’aider à soutenir la guerre contre les Anglois. Le clergé, qui fut obligé d’en porter sa part, voulut assujettir l’Université à cette contribution extraordinaire. L’Université résista, défendit ses immunités, et en appela au Pape. Elle étoit pourtant trop instruite des devoirs de tout membre de la société politique, pour prétendre se soustraire totalement aux charges qu’exigeoient le besoin de l’État. Comme il étoit nécessaire de faire la garde dans Paris, que menaçoient les Anglois, elle rendit, le 8 juillet, un décret portant que tous ses clients, chirurgiens, libraires, parcheminiers, enlumineurs, écrivains, relieurs, prendroient les armes, à l’ordre du recteur, pour la défense de la ville[1].


Mais si par patriotisme l’Université n’hésita pas à armer ses subordonnés, elle n’en réclama pas moins pour eux, une fois le danger passé, l’exemption du guet, et le roi Charles V rendit une ordonnance, le 5 novembre 1368, par laquelle il enjoignait au prévôt de Paris « de ne contraindre ne souffrir estre contraintz par quarteniers, cinquanteniers, dixeniers ou autres officiers ou commissaires, à faire guet, ne garde par nuit ne par jour, quand vient à leur tour, comme ses autres subjets habitants la ville de Paris, ains les en tenir et faire tenir paisibles les serviteurs de sa très chère fille l’Université ».

Six relieurs exerçant à cette époque, sont nommés à côté des libraires, écrivains, enlumineurs et parcheminiers, tous affranchis du guet-assis ; ils s’appelaient :

Jean de Dueile, Mathieu Coignie, Tevenin le Lanternier, Denizot de Soines, Michelet Marcure et Roger de Rüe-Neuve.

  1. Histoire de l’Université, par Crevier.