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enseigné, c’est-à-dire cet étroit sentier qu’il a tracé ; l’ayant trouvé, il se dit en lui-même : Je ne puis rien si je ne suis aidé de la grâce de Dieu ; il me faut donc la demander avec ferveur, si je veux que mon âme coopère à cette grâce, autre don de Dieu, afin d’obtenir ma justification.

— Attendez, monsieur, dit M. Dumont ; nous ne pouvons mériter la grâce de nous-mêmes, encore moins notre justification. Tous les efforts que nous pourrions faire, ne sauraient être efficaces pour justifier nos âmes devant Dieu. Seule, la justice parfaite peut justifier ; la nôtre est toujours imparfaite, malgré toutes les bonnes œuvres de notre part ; ainsi ce n’est que sur la parfaite justice de Jésus-Christ que nous pouvons espérer la justification.

— Et essayer d’y joindre nos œuvres imparfaites, toutes bonnes qu’elles soient, dit M. Johnson, et entreprendre de nous aider nous-mêmes c’est agir comme des insensés qui ne savent pas honorer et respecter le grand œuvre de notre divin Rédempteur.

— La grâce, je le répète, dit le prêtre, est un don de Dieu, qui la donne gratuitement si nous la demandons avec ferveur. Quoique l’homme ne puisse mériter la grâce de la justification par ses bonnes œuvres, Jésus-Christ, par sa passion et sa mort, l’a méritée pour lui ; autrement à quoi serviraient-elles ? Vous savez comme moi que nos premiers parents, Adam et Ève, dès qu’ils furent créés, eurent des devoirs à remplir, quoiqu’ils fussent en état d’innocence et de sainteté ; plus tard, ils désobéirent à leur créateur, c’est-à-dire, refusèrent d’accomplir les bonnes œuvres qui leur avaient été imposées ; la conséquence fut qu’ils perdirent pour toujours, et avec eux leurs descendants, tout droit à l’entrée du paradis. Ni son retour à Dieu, ni ses pleurs, ni ses bonnes œuvres ne pouvaient donner l’espérance du salut à l’homme déchu par la faute originelle ; il était perdu sans ressource, et ce péché l’excluait à jamais de la présence de Dieu.