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Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/173

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gustave

route de Saint-Joseph, où il arriva quelques jours après.

— Que je suis heureuse de te voir, cher enfant, dit madame Dumont en l’apercevant ; j’espère que tu n’es pas malade pour avoir ainsi quitté le collège ?

— Je vais répondre pour lui, dit M. Dumont ; sachez que je suis Mormon et j’ai fait venir Gustave parce que nous devons partir sous peu pour la ville du Lac-Salé ; tu devras aller toi-même retrouver notre fille à Saint-Louis.

Ce fut un coup de foudre pour madame Dumont, qui se laissa tomber sur une chaise sans pouvoir proférer une parole.

— Comment ! vous, papa !… un Mormon, dit Gustave pâle et défait.

— Dis-moi donc ce qui a pu te faire embrasser cette secte ? dit madame Dumont.

— Oui, je suis un des saints du dernier jour ; Dieu m’a ouvert les yeux, j’étais aveugle et je ne connaissais pas encore le pur Évangile. Oui, je m’en vais à la nouvelle Jérusalem, la cité sainte établie par Dieu pour être la demeure de ses élus.

— Ah ! papa, je vous en prie, dit Gustave, rebroussez chemin avant qu’il soit trop tard.

— Quoi ! toi, un papiste, un idolâtre, vas-tu essayer de me montrer ce que j’ai à faire ?

— Assez ! s’écria madame Dumont en se levant ; Gustave est meilleur que toi et moi ; lui seul est dans le vrai chemin, lui seul est dans la vraie Église de Dieu.

Puis, se jetant à genoux, elle ajouta : Oui, mon Dieu, je reconnais à présent que la sainte Église catholique est celle que votre divin Fils a établie. Pardonnez à mon cœur trop longtemps rebelle ; recevez-le avec bonté, traitez-le avec miséricorde ; je vous l’offre tout entier, gardez-le sous votre sainte protection pendant toute ma vie, et surtout durant ces jours d’épreuves qu’il vous plaît de me faire subir. Je