Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
gustave

ve dans l’Évangile que les saints, qui jouissent de sa présence, peuvent intercéder en sa faveur. Joyeux de cette découverte, il s’empresse de leur présenter sa requête. Ah ! si vous connaissiez le bonheur que le catholique éprouve dans cette « communion des saints, » communion pleine de charité entre l’Église triomphante et l’Église militante, vous ne la rejetterez pas comme vous le faites !

— Depuis quand existe cette communion des saints, ou plutôt cette croyance ? demanda madame Dumont.

— Cette croyance a toujours existé, et spécialement depuis Jésus-Christ et les apôtres. Ce sont les apôtres eux-mêmes qui ont rédigé le Symbole appelé le Symbole des apôtres, que nous récitons tous les jours, et dans lequel il est dit Je crois à la communion des saints.

— Encore une invention de Rome, dit M. Dumont avec ironie ; nous, protestants, ne reconnaissons pas ce symbole, qu’on vous fait croire avoir été rédigé par les apôtres.

— Je m’attendais à une réponse semblable ; parce que vous rejetez ce Symbole, il faut que ce soit une invention de Rome. C’est votre unique argument. Chose curieuse, vous n’êtes jamais capables de prouver vos avancés. Et moi, je te prouverai que ce Symbole existe depuis les apôtres ; l’Église d’Angleterre, protestante pourtant, n’a-t-elle pas conservé ce Symbole dans sa liturgie ? et, ajouta-t-il en souriant, un ministre comme toi doit savoir que cette Église n’a gardé que ce qui existait au temps des apôtres et des cinq premiers siècles de l’Église fondée par Jésus-Christ. Tu ne nieras pas cela, j’espère ?

C’en était trop pour M. Dumont ; se voyant battu sur tous les points, il se lève tout à coup de table et dit d’un ton impatient :

— Vous allez m’excuser, mon père, je dois me rendre au service du soir.

Ce n’était qu’un prétexte, mais au moyen de ce stratagème, il sortit de la maison, la honte et la rage dans le cœur.