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gustave

car il ne saurait être trop préparé pour le long voyage de l’éternité, et il est certain qu’il ne peut faire aucun mal au pécheur endurci. Je peux t’assurer que plus d’un grand pécheur s’est converti pendant qu’on lui administrait ce sacrement. Mais que ne fait-il pas pour celui qui n’aurait commis que des fautes légères, ou qui aurait à expier ses fautes passées en purgatoire ?

— Ah ! le Purgatoire, interrompit vivement M. Dumont, il n’y en a pas ! L’Évangile le démontre clairement, car il est dit : Que l’arbre tombe au nord ou au sud, là où il tombe, il y reste. Vous trouverez ce texte dans l’Ecclésiaste. Ainsi, il n’y a que deux états après la mort, le ciel pour le juste et l’enfer pour le pécheur.

— Admettons, dit le vieillard, que l’Évangile parle ici de l’âme après la mort, qu’est-ce que cela prouve contre l’existence du purgatoire ? Nous croyons, nous aussi, que l’âme, après la mort, sera sauvée ou damnée, selon le bien qu’elle aura fait, ou le mal qu’elle aura commis ; il ne faut pas, cependant, conclure de là que l’âme du juste ne sera pas obligée d’expier quelques fautes légères, ou plutôt d’être purgée avant d’entrer dans l’état de la gloire ; car autrement, à quoi serviraient les prières pour les morts ?

— Nous ne prions pas pour les morts ; nous rejetons cette pratique, que nous regardons comme une superstition grave.

— Vous condamnez alors l’Écriture sainte, qui recommande la prière pour les morts, et les Apôtres, qui ont non seulement suivi cette pratique, mais l’ont même ordonnée. Vous blâmez aussi les premiers chrétiens, sans parler de ceux qui, dans la suite, ont suivi leur exemple.

— Comment cela ? Loin de les condamner, je fais ce qu’ils ont fait eux-mêmes, rien de plus.

— Je vais tout de suite te prouver le contraire.