Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/101

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solution de continuité entre les idées du moyen âge et les idées modernes, arrive intacte jusqu’au xvie siècle, vient se joindre à celle de Clément Marot, et donnant la main à son élégant badinage, renoue le fil interrompu de nos traditions littéraires.

Du reste, les deux Marot n’ont pas été les seuls imitateurs de Christine ; et son influence littéraire ne s’est pas uniquement conservée dans la famille d’Orléans, ne s’est pas exclusivement développée sous la protection de ses princes. Il y avait dans les œuvres de notre écrivain une sève assez puissante pour se répandre au dehors, et livrer ses rejetons au grand air. Ces rejetons grandirent donc après la mort de leur auteur qu’avaient pu apprécier, de son vivant, le chancelier Gerson et Mathieu Thomassin ; et ses écrits traduits en anglais et en portugais (car il ne faut pas oublier le Trésor de la Cité des Dames publié à Lisbonne, en 1518, sous le titre de Miroir de Christine), supposent une popularité trop grande de sa part pour qu’il n’ait pas créé dans la langue propre à ses ouvrages, une école particulière, héritière directe des traditions de son génie, indépendante de toute protection royale ou nobiliaire. C’est, en effet, ce qui résulte de l’influence exercée sans interruption par les écrits de Christine, et attestée par des témoignages divers jusqu’au milieu du xvie siècle. À cette époque, la traduction de son Chemin de longue Étude, faite de langue romane en prose française pour le mettre à la portée de tous les lec-