Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

senté son influence littéraire. Il est vrai qu’il l’a aussi rendue méconnaissable sous les formes d’un idiome dégénéré et corrompu, comme était le français de la fin du XVe siècle et du commencement du XVIe. Sous ce rapport, Molinet ne signale que trop bien le passage pénible de notre langue du siècle de Christine à celui des érudits de la renaissance ; car sa muse, entremêlant le latin et le français, latinisant encore plus souvent ce dernier idiome, lui ôte toute la fraîcheur qui le distinguait dans les écrits de Christine. Mais quant au fond des pensées et à leurs tendances morales, les imitations de Molinet sont de la dernière évidence. C’est ainsi qu’elles nous ont frappés de prime abord dans le Chappelet des Dames, dans le Naufrage de la Pucelle, enfin dans l'Epitaphe d’Isabelle de Castille[1]. En comparant cette princesse catholique à la prudente Othéa, Jean Molinet rappelle un des premiers ouvrages de Christine ; et dans plusieurs autres passages de ses œuvres, il prouve qu’il n’a pas moins bien connu les autres écrits du même auteur.

La lecture de ces mêmes ouvrages semble avoir été encore plus familière à Jean Bouchet, de Poitiers, l’auteur des Annales d’Aquitaine, et qui l’a été aussi de plusieurs poèmes moraux et d’un grand nombre de balades et de pièces de poésie légère. Chez lui l’imitateur de

  1. Faicts et dictz de Jean Molinet, fo 38, 44, 220 vo, 262. — Nouvellement imprimez à Paris. — XD. XI.