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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/105

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Christine se montre à chaque instant ; aussi l’a-t-il placée dans le Tabernacle des illustres dames qu’il passe en revue dans son Temple de bonne Renommée. Il la met immédiatement après les romaines les plus célèbres :

Et les suivoit Christine l’ancienne.
Qui fut jadis grant réthoricque,
Et mère aussi de l’horateur Castel,
Qui fist si bien que onc ne vys un cas tel

. [1].

Ce dernier vers, qui renferme un jeu de mot plusieurs fois reproduit par le mauvais goût des auteurs de cette époque, nous rappelle l’opinion qui avait fait attribuer au fils de Christine la plupart des écrits de sa mère. Cette opinion, réfutée à l'avance par la date de ces mêmes

  1. Voyez le Temple de bonne Renommée, fo 56. Paris, (15)18.

    Jean Castel, fils de Christine de Pisan, ne fut pas indigne de la renommée de sa mère. Il cultiva avec succès la poésie, et, d’un autre côté, eut le titre de grand chroniqueur de France (La Croix du Maine, Bibl. franc., p. 66). La continuation de la Chronique Martinienne fut imprimée sous le nom de monseigneur le chroniqueur Castel, en 1500 et puis vers 1504. Le Mirouer des Pescheurs et Pescheresses, par frère Jean de Castel, de l'ordre de saint Benoît, fait a la requeste de Jean du Bellay, évesque de Poitiers, et imprimé chez Ant. Vérard (V. l’abbé Goujet, Bibl. franc., t. IX, p. 423), semble encore appartenir au fils de Christine. Celui-ci aurait donc fini ses jours dans la vie cénobitique ; et c’est de lui qu’Octavien de Sainl-Gelais aurait dit, dans le Séjour d’honneur, fo VI :

    Les dictateurs des chroniques de France,
    Comme Froissard et le moine Castel.