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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/18

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Les livres furent toujours ses plus chers confidens. Infatigable jusqu’à l’enthousiasme dans sa passion pour le travail intellectuel, elle en fit un sanctuaire, une religion ; et c’est là, dans sa vie spéculative et solitaire, que la renommée vint d’elle-même la trouver. Car il fut parlé, même entre princes, de son ordre et manière de vivre, c’est à savoir : à l’estude. Alors, ne pouvant plus cacher ses écrits, elle en offrit plusieurs aux membres de la famille royale, qui les acceptèrent avec autant de bonne grâce que d’empressement, « et plus comme je tiens, dit-elle, pour la chose non usagée que femme escrive, que pour dignèce y soit ; et ainsi furent en peu de heure ventiliez et portez mes ditz livres en plusieurs pars et pays divers [1]. » Plus tard, après les débats sur le Roman de la Rose, victime d’une calomnie odieuse, elle dédia à Charles VI son Chemin de longue étude ; et ce poème, qu’elle composa au souvenir des malheurs de Boëce et de la Consolation de la philosophie, en retrempant tout son courage, la préserva de la corruption des mœurs. Sa vie redevint alors plus occupée, peut-être même entièrement solitaire ;

  1. Voyez la Vision de Christine, ms. no 7394, fo 62.