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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/30

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Les quelles voix, comme racontent en plusieurs lieux les escriptures, percent les cieulz par pitié devant Dieu juste, et attrayent vengeance sur ceulx qui en sont cause. »

Remarquons encore la précipitation avec laquelle cette lettre, vraiment admirable, fut écrite sous l’inspiration du patriotisme le plus pur ; c’est la nature même de Christine prise sur le fait, en présence d’une catastrophe imminente, au moment où les princes et leurs alliés étaient sous les armes, prêts à déchirer la France par la guerre civile. Il n’y avait pas de temps à perdre ; et Christine, sachant que le duc d’Orléans, à la jeunesse duquel elle avait autrefois dédié le livre d’Othéa, déesse de Prudence, est toujours ami de la poésie, termine la Plourable Requeste des loyaulx Françoys par ce touchant rondeau, qui lui sert de post-scriptum :

« Prenez en gré, s’il tous plaist, cest escript

« De ma main fait après mienuit une heure ;

« Noble seigneur, pour qui je l’ay escript,

« Prenez en gré !


« Quant vous plaira, mieulz vous sera rescript ;

« Mais n’avoye nul autre clerc à l’eure.

« Prenez en gré ! »