Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/31

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Ces vers improvisés, comme la lettre qu’ils terminent, furent couronnés du succès le plus heureux ; car, trois jours après, des conférences ouvertes du 8 au 16 octobre, rapprochèrent les deux partis et amenèrent la paix de Vincennes, dont Christine fut, sinon le plus influent, du moins le plus intéressant négociateur.

Nous ne parlerons pas des sermens d’amitié, ni des communions sacrilèges, ni des baisers faits sur la bouche, qui, alors ou plus tard, ne servirent qu’à mal déguiser l’inimitié enracinée au fond des cœurs. On sait assez comment finit la lutte personnelle des deux princes rivaux. Il fut plus facile au duc de Bourgogne de commettre un meurtre que de le justifier. Et de l’autre côté, les chefs ne manquèrent ni à l’esprit de parti, ni aux projets de vengeance. Au grand scandale des ames honnêtes, l’apologie du crime, fondée sur des doctrines régicides, fut solennellement prononcée par le fameux Jean Petit ; et le chancelier Gerson lui répondit avec le courage d’un citoyen vertueux par l’oraison funèbre de la victime. Le premier proclamait méritoire de tuer un tyran par toutes sortes de moyens, flatteries, sermens, embûches ou trahisons ; le second avait seulement cru permis de le déposer.