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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/43

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que ce mortel péril ne parte jamais de vos mémoires par pitié de vous même, et que plus ne soit souffert sourdre contentions, dont si détestable inconvénient puist en nul temps advenir ! Ni oublié ne soit et mis en oubli, comme néant, les ruines, destructions, effusion de sang, cruaultés orribles, apovrissemens, irrévérence de peuple vers souverain seigneur ; dames, damoiselles, veuves et orphelins demourez de ce meschief, comme la pouvre Christine, votre humble servante, par ses piteux et plourables épistres[1], vous disoit avant le coup. Et encore, de peur que plus n’aviengne, ne s’en puet taire, étant en péril de pis, dont n’en a mie garde quelconque sagesse hmiiaine, mais seulement Providence divine, par évident miracle dont Dieu soit loué ! »

Ainsi, tout en proposant ses remèdes, elle voyait bien que le mal empirait ; que les dangers intérieurs devenaient de jour en jour plus menaçans, plus forts que la volonté de l’homme ; et que la main seule du Tout-Puissant pouvait les détourner de la patrie. Le rôle politique de Christine était donc

  1. Voyez sa lettre à Isabelle de Bavière et sa Lamentation adressée au duc de Berry.