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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/44

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terminé. Comment aurait-elle raffermi une société où tout tombait de corruption et de décrépitude ? Que pouvaient le talent et la vertu dans le siècle où elle vivait ? et que restait-il à une faible femme, sinon d’exhaler en poésie et en prière tous les vœux de son ame pour la religion et pour la patrie ?


C’est là qu’elle trouva son dernier asile vers l’année 1414, à l’époque où le concile de Constance, ces états-généraux de l’occident, siégeait pour mettre fin au grand schisme et reconstituer l'unité du monde chrétien. Réfugiée dans le culte de la Vierge Marie, et contemplant dans la mère de Dieu l’éternel idéal de la femme chrétienne[1], Christine, malgré tous ses efforts impuissans et son dévouement méconnu, retrempant son patriotisme dans les sentimens religieux, composa

  1. « L’éducation de la femme au moyen âge, dit M. Michelet, peut se traduire en un mot, l'imitalion de la Vierge. Quelques lignes de l’Evangile devinrent un texte inépuisable qu’on s’efforça tout à la fois d’orner dans les légendes et de reproduire dans la vie. »

    C’est ainsi que Christine ou Chrestienne, comme elle s’appelait indifféremment, comprenait ce divin modèle dans sa lettre à la Reine Isabelle : « Encores vous dis-je que tout ainsi comme la Reyne du ciel, mère de Dieu, est appellée mère de toute chrétienté, doit estre dicte et appellée toute saige et bonne Royne mère et conforteresse et advocate de ses subjiez et de son peuple. »