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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/46

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Le Dauphin surtout ne pouvait être oublié dans cette prière, où Christine semble pressentir tous les dangers qui menacent son droit de succession à la couronne. Elle le recommande donc à la Dame très courtoise des Anges :

» Paix, bonne vie et bonne fin

« Donne à monseigneur le Dauphin,

« Et science pour gouverner

« Le peuple, qui de bon cuer fin

« L’aime ; et veuilles qu’à celle fin

« Après le père il puist régner ! »,


Et, en effet, ce jeune prince n’était pas indigne de l’amour du peuple. Averti par les remontrances de l’université et du parlement, il changea de conduite, renvoya ses corrupteurs ; et touché des désordres publics, il avait résolu d’y porter remède, lorsqu’il tomba subitement malade, et mourut le 25 décembre 1415, non sans quelques marques apparentes de poison. Le poison, on en peut encore moins douter, fit périr son frère Jean (18 avril 1417), aussitôt qu’il se fut déclaré pour le parti du duc de Bourgogne. Leur oncle, le duc d’Anjou, fut soupçonné de ces deux crimes, qui assuraient la couronne à son gendro Charles,