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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/47

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comte de Ponthieu. Celui-ci, dernier fils de Charles VI, était l’ennemi juré de la maison de Bourgogne. Les d’Armagnac, les seigneurs de la faction d’Orléans, l’avaient élevé et constamment poussé vers le trône. Ils triomphaient enfin, et c’était au milieu des calamités publiques, après la défaite d’Azincourt qui livrait la France à l’invasion des Anglais et à l’ambition de Henri V (25 octobre 1415).

Alors les temps devenant plus sombres, et chaque jour apportant quelque nouveau crime ou quelque nouveau malheur, Christine disparaît : elle s’éclipse comme toute gloire et toute vertu. Gerson, le docteur très chrétien, ne fuyait-il pas lui-même en exil ? Après avoir été surnommé l'ame du concile de Constance, n’allait- il pas, pauvre pèlerin, demander à l’étranger le repos que lui refusait la terre de France, jadis très belle fleur de chrétienté ?

Christine n’avait donc pas à se plaindre ; celui qu’elle avait appelé l'elu des élus, son auxiliaire dans la lutte morale qu’elle avait courageusement engagée contre le fameux Roman de la Rose, le chancelier de l’université de Paris, souffrait comme elle des malheurs publics. Mais qui dirait les ca-