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Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/71

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français les ouvrages de l’antiquité et du christianisme les plus nécessaires à l’instruction d’un prince, elle revient sur la traduction de la politique d’Aristote avec une pensée d’à-propos et une intention évidente d’allusion politique ; car cet ouvrage, si étonnant par la justesse et la hauteur de ses vues, conservait, au commencement du XVe siècle, le caractère d’utilité et d’application qu’il offre encore mieux de nos jours.

« Le prince, dit Christine de Pisan, en parlant du Roi dont elle nous a légué l’histoire, quoiqu’il put de son autorité et seignorie ordonner de tout à son bon plaisir, quand il falloit délibérer sur l'estât du royaume, appeloit à son conseil les bourgeois de ses bonnes villes, et mesme des moyennes gens et de ceulx du commun, affîn qu’il leur monstrat la confiance qu’il avoit en eulx, quand par leur conseil il vouloit ordonner. »

«Et ce fut sagement fait, ajoute-t-elle aussitôt en expliquant elle-même à ses contemporains les principes qui devaient constituer plus tard la société française, car le philosophe (Aristote) prouve par quatre raisons, au troisième livre de sa Politique, que royaumes et cités sont bons quand il y a de moyennes gens.