Page:Thomassy - Essai sur les ecrits politiques de Christine de Pisan.djvu/73

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vernaient la France durant la maladie de Charles VI. Nous y trouvons en effet le germe de notre politique intérieure, le système constitutif des classes moyennes aujourd’hui prépondérantes, formulé pour la première fois par la sage et docte Christine. Elle raisonne, il est vrai, d’après Aristote, qui était alors le maître suprême de la science et le sien en particulier ; mais c’est pour avoir meilleur marché des opinions contraires ; c’est pour faire triompher, par une autorité universellement reconnue, un principe qui avait encore à traverser quatre siècles d’épreuves et de combats[1].

Toutefois Christine n’a fait qu’émettre en passant une idée féconde à propos d’un souvenir de Charles V ; c’est une semence qu’elle jette ici par occasion en faisant de l’histoire. Mais dans son Livre de la Paix tout a un but politique déterminé. L’auteur ne raconte pas : il juge, il voit de haut tous les événemens. Il en exprime la pensée

  1. Voyez, sur l’importance de la classe moyenne dans l’Etat, la Politque d’ Aristote, traduite par M. Barthélémy Saint-Hilaire, t. II, p. 231-240.

    L’étude approfondie de cet ouvrage, qui se révèle dans les écrits politiques de Christine, nous semble un fait digne d’être ajouté à ceux que le savant traducteur a rapportés sur l’influence du livre d’Aristote.