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Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/46

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de caprice, faute d’en ſçavoir l’objet ; que mes déſirs eurent une perſpective ; que je me trouvai capable de ſentimens, propre à en inſpirer, & deſtinée à joüer un rôle intéreſſant dans le monde, je devins fière & impérieuſe : frapée de la dignité de mon être, enchantée de la beauté de mes Etats, j’acceptai les titres de Divinité que l’on m’accorda ; je ſongeai à les faire reconnoître dans les Cours étrangeres, & je m’occupai ſans relâche à mériter l’aplaudiſſement & l’amour des Nations avec qui je voulois traiter ; ce qui annonce que je fis quelque effort pour corriger cette hauteur & cette fierté naturelle, qui ſont les peſtes de notre commerce.

Il faut convenir que je fus bien ſecondée. Tout le monde ſaiſit le ton de fineſſe & d’intelligence, l’air de vivacité & d’étourderie, le maintien minaudier & agaçant que j’inſpirai. Mes Gardes de la plus grande taille, pleins de feu & de vivacité (leur uniforme eſt noir) s’étudiérent à qui me ſerviroit mieux. Que d’éloges ne méritent pas les Circulaires, les Séducteurs, & les Amoureux !