Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/61

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que les Vicaires n’étoient pas la ſeule reſſource qu’imaginoit le plaiſir ; plus âgée que moi, de beaucoup d’expérience, & d’un merite rare, elle communiquoit volontiers le talent ſingulier qu’elle avoit pour lui.

Après pluſieurs bagatelles officieuſes, & quelques petits ſoins que nous cherchions à nous rendre ; un jour me trouvant ſeule au jardin, Qu’il me tardoit, dit-elle, de vous parler ſans témoin de mon inclination, charmante Inciolino. Faite pour les plaiſirs, ne puis-je vous donner du goût pour eux ; les momens où vous héſitez d’en prendre ne ſont plus pardonnables, il eſt tems de leur rendre hommage, Ce qu’ils exigent eſt ſi doux ! ma tendreſſe ne vous refuſera aucunes lumières. Ne croyez-pas, continua-t-elle, en ſouriant, que mon amitié reſſemble à celle que nous contractons ici les unes avec les autres. Triſte, froide, & languiſſante, ce n’eſt qu’une liaiſon que le déſœuvrement & la néceſſité de ſe voir forme ordinairement, au lieu que l’agrément, la douceur & la vivacité, feront le caractère de la mienne, ſi vous voulez que le plaiſir en ſerre les nœuds.