Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/87

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veux noirs preſque ſans poudre & noüés galament, lui donnoient un air d’aſſurance que je ne lui avois pas encore vû. Le tein brun, animé des plus vives couleurs, les yeux noirs & pleins de feu, la bouche agréable & bien meublée, la plus belle jambe du monde, ſon amour & le mien ; étoit-ce aſſez ?

Serés-vous toûjours inexorable, dit-il en ſe proſternant au pied du gazon où j’étois, adorable Poncetti ; ne vous laſſerés-vous pas de donner tant d’amour ſans en prendre ! m’aimez-vous enfin ? puis-je eſpérer de vous avoir rendu ſenſible à l’ardeur dont mon ame ſe conſume ?

Oüi je vous aime ; lui dis-je tendrement, cet aveu me coûteroit trop à retenir, & doit céder à la ſatisfaction que j’ai de vous avoir inſpiré une paſſion ſi vive ; mais ſera-t-elle durable ? Clavilord ! me feriez-vous répentir de n’avoir pas aſſez combattu le goût que j’ai pour vous.

Ah ! ne doutez pas de mon cœur, reprit-il, je chéris trop ma flamme pour ne la pas conſerver, & vos charmes doivent vous répondre de ma conſtance.