Page:Thorel de Campigneulles - Cleon, rhéteur cyrénéen, 1750.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
50

Je ceſſerois de vous adorer ! continua-t-il, en ſe précipitant ſur moi avec l’intrépidité la plus ſéduiſante, je renoncerois plûtôt mille fois à la lumière qu’à mon amour.

Je me deffendois par contenance d’une entrepriſe qui n’avoit pas l’air de devenir reſpectueuſe, j’interrompois par habitude les fréquentes ſtations qu’il faiſoit au repoſoir, dont il avoit ôté les fleurs, comme s’il eut été jaloux de la place qu’elles occupoient ; je lui laiſſois baiſer par diſtractions les compagnons du Vicaire, & le Vicaire même encore chargé des parfums du Temple qu’il venoit de parcourir. Tout devoit l’inſtruire de mon égarement.

Poncetti, me dit-il en ſoupirant, chere Poncetti, que manqueroit-il à mon bonheur, ſi vous le partagiez, vous m’aimés… Quand le ſoupir qui m’échappa, d’accord avec le ſien, & ſa main que je ſerrai pour toute réponſe, ne l’auroient pas perſuadé qu’il diſoit vrai ; mes Gardes qui le fixoient avec toute l’expreſſion que donnent la tendreſſe & les déſirs, l’auroient ſuffi-