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avant l’amour

palier et la fenêtre sur le jardin. En bas, dans une espèce de cellier, couchait la servante.

Mes parents partis en promenade au hameau voisin de Galluis, j’étais seule, sous le poirier où pendaient les fruits rougis et dorés par l’automne… Les pétunias, les œillets d’Inde, les basilics, humbles fleurs des humbles parterres, mêlaient leurs forts aromes à l’arome des hauts fenouils, évoquant les cortèges fleuris des processions campagnardes. Le ciel se fonçait déjà sur les chaumes de la ferme voisine et j’entendais le meuglement des troupeaux invisibles qui revenaient de l’abreuvoir. Soudain, la clochette tinta. Un homme parut au seuil du long couloir qui divisait le rez-de-chaussée, un homme jeune, robuste et brun qui regarda de tous côtés et parut me reconnaître.

— Je ne me trompe pas, dit-il, c’est vous… c’est toi… la petite Marianne.

— Maxime ! m’écriai-je, en courant à lui.

Nous nous embrassâmes, et Maxime, m’écartant de lui, me contempla avec un rire affectueux :