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avant l’amour

Il me regarda d’un air indéfinissable.

— Quand donc pourrons-nous causer librement ? dit-il. Ma mère ne sort presque jamais et il vaut mieux, en effet, pour beaucoup de raisons, qu’elle ne soupçonne pas des intentions que nous n’avons ni l’un ni l’autre.

Je fis un geste d’ignorance. Il reprit :

— Écoute, j’irai me promener, tous les matins, dans le pré des saules. Si tu désires me parler, tu m’y trouveras. Souviens-toi que je suis ton ami, petite Marianne.

Il me serra la main et s’éloigna. Sa haute silhouette disparut au bas de la côte. Pensive, je le regardais s’éloigner avec la secrète, l’indécise sensation que j’avais remporté une victoire.