Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/117

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Le travail, Clarence, et la solitude, il n’y a que ça de bon, quand on souffre, et qu’on ne veut pas être consolé… Pourtant, la poignée de main d’un ami, qui comprend, parce qu’il a connu le malheur, le même malheur, eh bien, des fois, ça fait plaisir…

— Oui, Pierrevaux, tu as raison… Je suis très touché… Je te remercie… Tu vois, nous sommes pareils, maintenant… Nous pouvons parler… Avant… je te plaignais, oui, de tout cœur, mais comme tout le monde… Je ne soupçonnais pas, vois-tu, le mal horrible que ça fait…

— Clarence !… remets-toi… calme-toi…

Le musicien fit un geste vers le portrait :

— Toute ma vie !…

Et, péniblement :

— Assieds-toi, Pierrevaux… Je ne peux pas rester debout longtemps. Je viens d’être malade… Une sorte de grippe… qui a traîné, traîné… parce que je n’avais pas envie de guérir. Je ne résistais pas… Enfin, trois mois d’Algérie, de grands soins, le dévouement de ma pauvre femme, m’ont remis sur pied, à peu près… Et tu vois… Je vis… c’est honteux !… Je vis…