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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/123

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du regret, de l’adieu, du souvenir. Et tout ça, pour Madeleine… Je m’en moquais un peu, des médailles du Salon, des commandes de l’État, de l’Institut !… Je vivais dans le passé qui est toujours mon présent, et, des soirs, quand j’avais bien travaillé, il me semblait qu’elle entrait tout doucement dans l’atelier, qu’elle me touchait de sa petite main en disant comme autrefois : « C’est bien, mon Jean ! Tu es un vrai sculpteur. Je suis contente. »

— Oui, fit Clarence d’un air pensif, tes statues, le Souvenir, les Pleureuses, la Mort des amants, sont des actes de foi. Madeleine vit réellement dans ta pensée, et elle survivra immortellement dans ton œuvre… L’art est plus fort que la mort… Je t’envie, Pierrevaux ! Tu es un grand artiste…

— Et toi, Clarence ?

— Je fus un artiste, hélas !… Maintenant, je ne sais plus… Je suis un convalescent, livré à la sollicitude, parfois excédante, d’une famille inquiète… Ah ! si je pouvais m’isoler quelques semaines, ne plus entendre…

La porte s’ouvrit. Pauline, en toilette de pro-