Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/147

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Le lendemain, il avait une figure creusée qui apitoya Pauline. Elle le dissuada de travailler, mais il remonta chez lui, et cette fois, d’un geste très pieux, il rabattit les volets du triptyque. Puis il s’agenouilla sur le tapis et, la tête dans la main, il implora la bénédiction de l’aimée.

Il voulut évoquer la chambre de Tivoli, les fantômes de roses peintes à fresque sur les murs, le grand lit doré comme un retable, le beau corps svelte et nu, la chaleur et l’arome de l’étreinte… Mais son imagination trahit sa volonté… Ni ses sens, ni son cœur ne frémirent.

Il tendit les bras. Il cria : « Béatrice ! » et il devina que cet appel n’avait pas été entendu là-bas… Et le vertige le prit avec la peur, l’invincible peur ! Il se releva, chancelant :

— Je ne peux pas… demain… plus tard…

Pauline cousait sur la terrasse quand elle vit son mari s’asseoir près d’elle, dans un fauteuil de jonc. L’heure était douce. La pointe des arbres verdissait et il y avait des trouées bleues au ciel d’argent.

— Je suis triste, Pauline… Parle-moi.