Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/179

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et de rumeurs, de désirs et de secrets, la nuit d’août qui fait de Paris la ville voluptueuse entre les villes du monde…

… Elle approche, cette nuit énervante, et Mirame et M. Chalouette la revoient bleuir sur les toits violets du vieux Louvre, sur la moire des eaux que piquent des feux rouges, des feux verdâtres, des feux d’or. Les fenêtres du Palais d’Orsay s’illuminent. Le ciel, derrière le Trocadéro, semble frotté d’une pourpre pâle, qui s’efface. Le fiacre atteint les Champs-Élysées, se perd dans le fleuve de véhicules qui coule vers le grand Arc… Tapage des concerts, lueurs des cafés… L’Avenue du Bois… La Porte Dauphine… Maintenant la nuit règne sur le paysage artificiel, sur les lacs et les pelouses, sur les taillis et les clairières. Elle suspend la lune de cuivre dans les ternes vapeurs qu’embrase le reflet de Paris… Elle allume les yeux de feu des automobiles ; elle appelle l’amour qui rôde.

Et les voitures passent, ralenties, mêlées, enchevêtrées, emportant l’éternel couple anonyme assoiffé d’ombre et de volupté. M. Chalouette et Mirame se taisent. La nuit a délié