Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/196

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Il lui prit le bras, la soutint. Bientôt, ils dépassèrent les quinconces, suivirent une allée ombragée de marronniers. Les maisons s’espacèrent. L’allée tourna, formant corniche sur le flanc de la colline.

— Oh ! dit Mirame, quel panorama !… Regardez !…

Ils s’arrêtèrent.

La vallée, resserrée à leurs pieds, enfermait dans sa verdure frémissante les toits d’Igny et de Vauboyen. On apercevait l’église de Jouy-en-Josas, avec son clocher pointu flanqué de clochetons minuscules. Des saules argentés cachaient la rivière. Un flocon de fumée blanchissait au loin, sur un viaduc. Mais ces détails du tableau ne retenaient pas le regard… On ne voyait que la ligne des bois sur le ciel, une longue, longue, noble ligne qui ondulait à peine et se perdait, à droite et à gauche, dans l’azur indéfini des fonds ; on ne voyait que la masse des bois sur le coteau, cette houle puissante et sombre, d’un vert intense dans la brume bleue. Tout le paysage était bleu et vert, comme une tapisserie flamande. Pas un souffle, pas un chant, pas un cri.