Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/201

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haie qui lui offrait des mûres noires. Parfois elle tirait un rameau, l’arrachait, d’un effort, en nommant la plante : chèvrefeuille, aubépine, églantier…

M. Chalouette l’écoutait parler ainsi pour elle-même.

« Elle est née à la campagne, pensait-il, elle connaît les fleurs par leurs noms jolis et vulgaires ».

Il demanda :

— Est-ce que vous voyez de la clématite ?

— Mais, fit-elle étonnée, vous ne savez donc pas que la clématite a passé fleur ?

— C’est vrai. J’aurais dû le savoir… La clématite a passé fleur…

Le crépuscule, tiède et gris, humide de la pluie prochaine, effaçait les nuances et les contours quand ils arrivèrent à Jouy.

Dès le premier coup d’œil, M. Chalouette reconnut l’auberge, près de la gare, l’auvent du toit, les fenêtres voilées de glycine, et les grands arbres obscurs.

Il reconnut l’hôtesse qui se précipita vers lui, — si vieille, si empâtée ! — Il reconnut une jeune fille, qui était une petite fille autrefois.