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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/21

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L’antique mobilier de Roncières, fauteuils et « somnos » d’acajou sombre, couverts d’une soie bleue fanée, pâle comme un clair de lune, la pendule en bois moucheté à colonnettes, dont le balancier invisible représente un soleil épanoui, tout ce décor provincial, vieux d’un siècle, et qui devint, avec l’âge, harmonieux et charmant, Pauline l’a dispersé dans les chambres. Maintenant, des boiseries crème, rehaussées d’or, des panneaux de brocatelle jaune, servent de fond au plus massif, au plus contourné des mobiliers « genre Louis XV » fourni par un tapissier parisien. Le tapissier a déterminé la place des consoles, des guéridons, du canapé. Il a réalisé son idéal du salon sérieux, solide, adapté parfaitement au goût de sa clientèle. Madame Clarence n’a pas voulu que Roncières fût meublé de pitchpin ou de cretonne — comme une villa — ou encombré de vieilleries sans valeur, vrais nids à microbes. Que ce salon transformé ait perdu son âme avec sa figure ancienne, qu’il soit étranger au reste du château, étranger au paysage qui déploie, dans le cadre des croisées, la splendeur de ses tapisseries sylvestres, Pauline ne s’en soucie pas. Elle se