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Page:Tinayre - L Amour qui pleure.djvu/222

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dit… Robert n’était pas d’un caractère à se résigner facilement. Il fit encore des tentatives infructueuses. Son tuteur le gronda. Madame Cheverny lui fit des reproches… Alors il feignit l’indifférence.

Mais, dès ce moment, sa vie intérieure fut changée.

Cet enfant qui paraissait docile avait une imagination effrénée, une énergie sourde, et la faculté, si rare à cet âge, du silence et du secret. Les mystères qu’on lui faisait de son origine l’étonnèrent d’abord, puis l’irritèrent comme une offense à son droit. Triste ou pas triste, l’histoire de son père et de sa mère lui appartenait, et les Lebon, et les Cheverny, en se taisant, lui volaient quelque chose. L’idée de la peine qu’éprouveraient ses parents « dans l’autre monde » ne l’arrêta pas une minute. Son éducation n’avait pas été assez religieuse pour qu’il prît cette idée au sérieux… Autant le menacer de Croquemitaine !…

Il commença d’écouter, d’observer, de comparer tels faits, telles réflexions auxquels son tuteur n’attachait pas d’importance. Et voici qu’une inquiétude l’effleura :